Datant du 12ème siècle, elle fut classée monument historique le 4 avril 1906. 

Elle est d’architecture romane, à l’exception de la tour du clocher construite au début du 18ème, à l’extrémité ouest, ainsi qu’une chapelle gothique datant de 1650 au nord du cœur.
L’abside est semi circulaire.
On trouve des modillons grotesques tout alentour, excepté la chapelle et le clocher.
Les contreforts, plats, sont peu courants (on les retrouve également à Sortosville), et la voûte est plus élevée que dans l’architecture romane habituelle.

Vers 1852, la Comtesse Dumoncel offrit la construction d’une chapelle.
Les bombardements de 1944 n’endommagèrent pas trop les parties plus anciennes mais détruisirent la chapelle.

En 1951, l’architecte des Monuments Historiques fit le constat des dégâts et évalua les travaux. Rénovation et reconstruction purent commencer, avec cependant des interruptions, ce qui priva les fidèles d’église jusqu’en 1961.

La restauration complète fut achevée en 1964.

Symbolisme architectural de l’église de Martinvast  

L’église de Martinvast est ceinte dans sa plus grande partie de modillons, éléments d’architecture servant à soutenir une corniche. Les modillons sont souvent sculptés, à la différence des corbeaux qui ne le sont pas. 

Ces éléments figuratifs ont traversé les siècles et viennent témoigner des messages qu’ils dispensaient aux populations.  

 

De très nombreuses églises romanes  en sont pourvues et la qualité des exécutions sculpturales était bien souvent dépendante de la richesse économique du pays. 

De façon générale, on constate que toutes les représentations extérieures de l’édifice religieux représentent ce qui est extérieur à Dieu et doit rester en dehors du lieu de culte : le mal, le péché, l’obscurantisme, les ténèbres, le doute etc . .  . A l’inverse, ce qui se trouve à l’intérieur représente l’initiation (le baptême), l’éveil, la foi et la lumière.   

Les modillons de l’église de Martinvast retiennent plus spécifiquement l’attention par le fait que la grande majorité des grotesques représentées font référence aux anciennes religions celtiques et gauloises, donc païennes.  

 

Les animaux sculptés : loup, bélier, taureau, chien, serpent et cerf sont tous d’anciennes divinités de ces religions. En effet, bien souvent les dieux gaulois sont représentés sous une forme animale : le dieu OGME prend l’apparence du loup, la déesses EPONA est « la déesse aux chevaux », CUCHULAINN est le dieu chien, âpre aux combats, CERNUNNOS est le dieu aux bois de cerf, dieu de la combativité, etc

 

En ce qui concerne le cerf, il convient d’ajouter une précision essentielle, le cerf extérieur et païen n’est pas le même que celui représenté sur l’autel : au moyen âge, les cerfs blancs représente le Christ, celui qui se désaltère à la fontaine représente l’âme assoiffée de vérité ou encore le baptême ; la parole du Christ a été révélée à St Eustache et St Hubert par l’intermédiaire du cerf.  

 

 

Une question essentielle se pose : au 12ème siècle, c’est à dire 1000 ans après la chute de la Gaule Celtique et 700 ans après celle de la Gaule Romaine, ces dieux Gaulois avaient-ils encore quelque emprise sur certaines populations réfractaires au monothéisme, ou faut-il simplement voir dans ces images chrétiennes de l’obscurantisme et du mal, une simple tradition de compagnonnage ?

Vierge assise à l’enfant   

Classée monument historique le 13 avril 1905, c’est une statue en pierre calcaire, anciennement polychrome. On peut apercevoir des traces de rouge sur la robe de la Vierge, la tunique de l’enfant, et du bleu sur le manteau.
Sa hauteur est de 1.30 m.

Des restaurations ont été effectuées au niveau de la main droite et au niveau du cou de la Vierge. Le bouquet qu’elle tient à la main n’est pas d’origine.

Les vierges assises figurant l’Enfant Jésus debout sur le genou gauche sont rares en basse Normandie (quatre seulement), contrairement à celles d’Ile de France.
Celle de Martinvast, datant du XIVè est la plus ancienne. Les trois autres, situées à Barenton, Chanteloup et à l'abbaye d'Hambye, datent des années 1400.
Très répandu en Italie, ce type marial remonte aux années 1200.

On peut noter la recherche d’élégance dans le traitement de la couronne, du voile, des mèches ondulées de la chevelure, des drapés et du grand pli courbe du revers de la cote sur les genoux.
Loin de l’austérité de l’expression du visage que l’on retrouve habituellement, la Vierge frappe ici par sa maternité jubilatoire.
Malgré quelques maladresses dans le traitement des mains et le sourire figé en rictus, cette œuvre renouvelle le type iconographique.                                 

Siamois

Symbole de monstruosité, prédicteurs de catastrophes et de malheur.

Démon accroupi

L’accroupi, homme ou démon est le symbole du pêcheur. Il porte sur lui le poids de ses péchés qui l’écrase. 

Taureau 

Symbole Gaulois, il représente la fécondité et la puissance au combat. Représente pour les Gaulois la valeur militaire au combat. 

Roues solaires

Symbole du Dieu Gaulois TARANIS, dieu solaire et céleste, mais aussi dieu du tonnerre, de la guerre et du feu. 

Chien 

Symbole Gaulois, messager de l’au-delà. Il est associé à la lune (sur le modillon, sa truffe rejoignant sa queue forme la lune) Il est un symbole guerrier et pouvait représenter l’âme des damnés.  

Loup

A fait vraisemblablement l’objet d’un interdit religieux. La forme celtique signifierait « mauvais, méchant ». Symbole de punition, de destruction. Mais il est aussi symbole d’intelligence au combat, certains guerriers Gaulois recouvrant leur casque d’une tête de loup afin de s’attribuer ses qualités.

Chimère 

Tête de lion, corps de chèvre et queue de serpent. La chimère est plus particulièrement la représentation de l’athéisme.

Bélier

Symbole Gaulois de la fertilité et de prospérité. Il est aussi le symbole de la force agressive.

Serpent

Symbole Gaulois, le serpent détient d’immenses pouvoirs. Associé à de nombreux rites initiatiques, il garde la pierre de la richesse. Sa peau de renouvelant, il est associé à la régénération terrestre et donc à l’enfer.

Cheval 

Pour les Gaulois, le cheval avait en lui un principe de nature divine. Le divin cheval solaire emporte les mortels vers le ciel. A l’âge de bronze, le cheval en occident fut rattaché à la roue solaire.